Vous jouiez Mendelssohn ce soir-là ; les flammèches
Valsaient dans l’âtre clair, cependant qu’au salon
Un abat-jour mêlait en ondulement long
Ses rêves de lumière au châtain de nos mèches.
Et tristes, comme un bruit frissonnant de fleurs sèches
Éparses dans le vent vespéral du vallon,
Les notes sanglotaient sur votre violon
Et chaque coup d’archet trouait mon cœur de brèches.
Or, devant qu’il se fût fait tard, je vous quittai,
Mais jusqu’à l’aube errant, seul, morose, attristé,
Contant ma jeune peine au lunaire mystère,
Je sentais remonter comme d’amers parfums
Ces musiques d’adieu qui scellaient sous la terre
Et mon rêve d’amour et mes espoirs défunts.
Émile Nelligan
Le coeur traversé de flammèches,
RépondreSupprimerNelligan souffre en un salon ;
Et d’une, il trouve le temps long,
De deux, la bière n’est pas fraîche.
Alors, il prend des pierres sèches
Et quelques planches de bois blond ;
Voici, volant mieux qu’un ballon,
La nef qui bat l’ennui en brèche.
Oui ! Nelligan s’est envolé
Sur son bel engin bricolé :
C’est épatant, c’est du tonnerre.
Il n’a plus soif, il n’a plus faim ;
Il goûte, meilleurs que le vin,
Les merveilleux parfums lunaires.